Salers, cîté millénaire pétrie d'histoires et de traditions; le XXIème siècle sonnera sa Renaissance ! Ensemble, ayons à cœur de faire revivre Salers
19 Février 2014
Il est peu de vies qui concentrent autant d’activités passionnantes que celle de Philippe, Marie, Justin, Henri Garrigue, né un beau jour de mai 1935 à Angoulême.
L’inlassable « brouteur d’histoires », comme il aimait à se faire appeler, issu d’une famille de 6 enfants, est né en Charente du fait des activités professionnelles de son père, tout comme sa sœur jumelle Bernadette.
Ses activités professionnelles l’ont d’abord éloigné de ses origines sans totalement l’éloigner des activités rurales, si chères au Pays de Salers, c’était l’époque où il conduisait glorieusement sa Citroën « Amy ».
Son installation durable à Salers s’effectua dans le domaine familial des André de La Ronade, ses ancêtres. Cette maison, devenue emblématique et dont les fondations nous remontent au XIVème siècle, passe pour être la plus ancienne du village et si elle pouvait parler, elle nous dirait surement s’il y a eu des Templiers ou non sur le secteur.
Philippe s’est engagé dans les années 80, en même temps que Gérard Delangle, à la valorisation du patrimoine sagranier, tout en étant guide au sein de l’Office de tourisme, au sein duquel il travaillait de concert avec Irène Rouire.
Il prit alors la responsabilité, sous la présidence de M Vareille, de dynamiser le musée de Salers que l’on appelait improprement « des Templiers ». Après un inventaire exhaustif, Philippe Garrigue y a présenté le travail entrepris par Ernest Tyssandier d’Escous pour mettre en avant la race Salers, dont la Société Historique du Pays de Salers a célébré le bicentenaire l’été dernier. Grâce à lui, c’est une « Maison de la Salers » avant l’heure qui avait vu le jour. Il avait également extrait de la maison mitoyenne « Dolivier », son mobilier remarquable.
Homme de piété, il prit un soin particulier à mettre en valeur le patrimoine liturgique de la paroisse de Salers, notamment grâce à ses échanges avec les regrettés abbés Daucquier et Delacellery. Il n’était d’ailleurs pas surprenant de l’entendre réciter à mi-voix, au moment des heures, les offices monastiques.
Homme de culture, il avait été parmi les tous premiers à s’engager dans le premier jumelage de l’histoire de Salers avec Hollókö (Hongrie), initié en 2009, prenant sans hésiter la route à travers l’Italie pour aller jusqu’aux frontières des Carpates. Il sut d’ailleurs accueillir nos amis hongrois à chacune de leur visite, en ami, en voisin.
Homme de lettres et d’histoire, Philippe Garrigue aligne une bibliographie impressionnante sur le secteur, touche-à-tout, curieux, mécène, il a rédigé plusieurs monographies en prolongement du travail réalisé par l’historien James L. Goldsmith sur les seigneurs de Salers. Qu’il nous soit ici permis de rappeler qu’il a rédigé une généalogie très complète sur les deux familles seigneuriales de Salers, un ouvrage de référence sur les tapisseries du Canton de Salers conjointement avec Jean Descoeur et Madeleine de Saint-Chamant, des travaux très complets sur les André de la Ronade.
Des dizaines d’articles de Philippe Garrigue sont référencés dans les brochures des associations historiques œuvrant pour la valorisation du patrimoine local.
C’est également grâce à lui que furent sauvées les archives d’Ancien régime de Salers qui ont failli finir aux encombrants dans les années 90. Il sut interpeller les autorités départementales sur cette urgence par l’entremise de Jean-Eric Iung, directeur des archives.
Homme d’engagement, Philippe a été l’un des premiers et des plus fidèles à contribuer à l’essor de la Société Historique du Pays de Salers et apportant, chaque année, une contribution originale.
Philippe était intarissable sur les histoires locales, aucune pierre, aucun blason, aucune reliure n’avait de secret pour lui. D’un pragmatisme jésuite, il écoutait toujours les certitudes sulfureuses d’historiens amateurs pour pointer le détail qui avait toute son importance pour en comprendre la spécificité et apporter, avec son savoir serein, les corrections nécessaires.
Incontestablement, Salers perd sa mémoire vivante avec la disparition de Philippe, après le départ d’Irène de Lestrade, de Victor de Bargues, de Patrick Brou de Laurière, de Jean de Roquemaurel, notre histoire sombre progressivement dans les limbes de l’amnésie. Autant de témoignages qui ne pourront plus nous livrer des anecdotes des temps passés.
En écrivant ces lignes, je me rappelle des chroniques qui animaient nos conversations, je perds en Philippe, bien plus qu’un ami ; depuis l’adolescence, maintes et maintes fois, je suis venu frapper à la porte de son échauguette pour trouver des réponses à mes questions, c’est grâce à lui que je lui dois d’avoir voulu créer la SHPS pour répondre au désintérêt flagrant des décideurs locaux pour les questions historiques.
Merci à toi, l’ami Philippe, là où tu es, Salers est désormais un havre de paix, où chaque demeure noble a conservé son blason armorié, les couvents sont toujours en fonction, l’hôtel des Scorailles trône toujours au centre de la cité, les murailles sont intactes et le chevalier André de La Ronade rend toujours justice au nom du Roy !
A bientôt …